Les mobilités scientifiques désignent l’ensemble des déplacements liés aux activités de recherche, ce qui inclut les mobilités de carrière (recrutements, mutations, séjours de recherche) et celles liées aux pratiques scientifiques (collecte de données, accès au terrain, évènements scientifiques et jurys). Elles s’inscrivent dans le cadre plus large des mobilités académiques qui englobent également les mobilités étudiantes et les mobilités enseignantes. La diminution des coûts et de la durée des transports, liée notamment à la généralisation de l’aérien, a démultiplié leur nombre, leur fréquence et les distances parcourues. Le développement du New Public Management dans l’enseignement supérieur et la recherche y a également contribué de par l’injonction à s’inscrire dans un marché académique globalisé. En France, par exemple, 58 % des chercheurs interrogés par Blanchard et al. (2022) ont pris l’avion à titre professionnel en 2019 contre 20 % des actifs de niveau professionnel équivalent en France en 2017 et 11 % de la population mondiale en 2018. Les chercheurs qui ont volé au moins une fois ont parcouru 15 500 km en moyenne. La littérature étudiant ces mobilités scientifiques porte sur leurs facteurs (idéal universaliste, mobilités forcées, valorisation de la mobilité dans les carrières, injonction à s’inscrire dans un marché académique globalisé) ainsi que sur leurs effets (impact sur la productivité académique, inégalités, enjeux écologiques) (Gureyev et al., 2020)

Des mobilités aux migrations scientifiques

Un premier registre de mobilités scientifiques concerne des déplacements ponctuels qui ont lieu à l’occasion d’événements scientifiques ou d’expertises. Ils participent d’un processus de socialisation académique, formelle et informelle, dont David Lodge s’est fait l’observateur ironique dans son roman Small World (1984). Une seconde catégorie de déplacements, dont les temporalités varient grandement selon les disciplines et les sujets d’études, est liée au travail de terrain et à l’acquisition de données. Les évolutions des moyens de communications ont fait considérablement évoluer ces pratiques en démultipliant les courts séjours dans des destinations lointaines. La catégorisation de ces mobilités ainsi que leur impact sur les territoires ne font pas consensus : la notion de « tourisme scientifique », proposée dans les années 1980, s’est diffusée dans les années 2000 et 2010 (Slocum et al., 2015). Elle peut s’entendre de différentes manières. Pour certains auteurs, les mobilités scientifiques sont un segment de l’économie touristique, en ce qu’elles contribuent aux économies locales et influencent le développement des territoires. Pour d’autres, les mobilités à des fins de recherche sont des modèles de tourisme alternatif et « durable » caractérisés par des pratiques d’immersion et d’apprentissage culturel, et le respect des sites et des communautés locales (Conti et al., 2021). Pour les opposants à cette notion, en revanche, les termes de tourisme et de science sont antinomiques (Brunet, 1997).

En dehors des déplacements de courte durée, les mobilités scientifiques peuvent se déployer sur des temporalités plus longues et s’inscrire dans des carrières internationales. Un marché de l’emploi compétitif et sensible aux conjonctures économiques et politiques, le refus du localisme et de l’endogamie scientifique, tout comme la valorisation des expériences internationales entraînent une mobilité importante notamment en début de carrière (Goastellec, 2017). En 2008, 20 % des doctorants et 40 % des post-doctorants de dix pays européens ont obtenu leur dernier diplôme dans un autre pays (Barjak et Robinson, 2008). En Suisse, au Canada ou en Australie, la moitié des scientifiques employés en 2011 étaient immigrés (Franzoni et al., 2012). Si, à bien des égards, ces mobilités sont des formes de migrations privilégiées , elles font peser des contraintes fortes sur les sphères personnelles et conjugales (Bataille et Sautier, 2019) et reflètent la précarisation de l’emploi académique. En Europe, « les scientifiques mobiles sont souvent plus poussés par la nécessité que par le choix » (Morano-Foadi, 2005). Le soutien voire l’injonction à l’internationalisation des carrières se sont renforcés partant du postulat que les mobilités scientifiques sont cruciales pour la circulation des idées, l’innovation et le positionnement dans la compétition scientifique internationale (Ferru et al., 2022, Bataille et al., 2022). Pourtant la littérature ne s’accorde pas sur les effets des mobilités sur la productivité scientifique et la diffusion des connaissances. Si les scientifiques mobiles sont plus susceptibles de publier dans des revues de rang supérieur, de participer à des projets internationaux, ou d’avoir un h-index plus élevé (Berné et al., 2022) cela peut être dû à une meilleure maîtrise de la langue anglaise acquise à l’étranger ainsi qu’aux collaborations établies, plutôt qu’à la qualité supérieure de la recherche (Jonkers et Tijssen, 2008). L’enjeu linguistique ne se posant pas dans les mêmes termes dans les pays anglophones, on comprend mieux qu’au Royaume-Uni, la mobilité ne soit pas considérée comme une condition préalable à l’avancement de la carrière (Morano-Foadi, 2005). Cette articulation entre mobilité, productivité scientifique et diffusion des connaissances n’a rien d’évident et varie selon les contextes nationaux et macrorégionaux de la recherche.

Enfin, parmi les migrations scientifiques durables, les exils et départs forcés liés aux menaces pesant sur le monde académique tiennent une place importante. Ces situations ont des résonances historiques (Durand, 2020, Rambaud, 2022). En dépit des initiatives solidaires et des programmes d’accueil (tels Scholars at risk ou PAUSE), bien des scientifiques demeurent captifs d’une immobilité forcée, subissant les restrictions de circulation imposées par des régimes répressifs.

Des mobilités scientifiques inégalitaires

Les déplacements scientifiques sont caractérisés par diverses inégalités. À l’échelle mondiale, les inégalités se retrouvent à la fois dans les facteurs push et pull de la mobilité ou de la migration . Les mobilités scientifiques s’inscrivent dans un processus de « fuite des cerveaux » (brain drain) documenté depuis les années 1960 (Vlachý, 1979) qui consiste en des flux inégaux entre pays, le départ des scientifiques étant motivé par de meilleures conditions d’études ou d’emploi dans les pays d’arrivée. Des effets bénéfiques peuvent être retirés par les pays de départ s’il y a des retours de scientifiques formés à l’étranger (Meyer, 2004) mais dans certains secteurs, cela crée des pénuries importantes, par exemple dans le domaine médical (Scott et al., 2004). L’accès à la mobilité internationale est inégal et peut connaître un certain nombre de freins politiques et économiques. Hélène Quashie (2018) détaille les difficultés rencontrées pour que des chercheurs africains puissent venir communiquer en France : « le suivi administratif, la réservation des chambres d’hôtel et l’achat de billets d’avion ont […] nécessité une mobilisation soutenue jusqu’à quelques jours précédant l’événement ». Mais d’après elle, ces difficultés ne doivent pas servir de prétexte pour ne pas inviter de collègues étrangers.

À l’intérieur des États, les inégalités se retrouvent dans les hiérarchies académiques, entre établissements plus ou moins bien dotés et entre chercheurs et chercheuses, selon leur position de carrière, leurs sujets de recherche et les choix de répartition internes des ressources. La mobilité est alors la conséquence des rapports de pouvoir qui offrent un accès différencié au terrain, aux conférences ou aux postes à l’étranger. Par un effet cumulatif les mobilités antérieures offrent un capital pour obtenir de nouveaux financements ou un avancement de carrière, contribuant ainsi à l’effet Matthieu (Merton, 1968).

Une fois en cours, la mobilité, qu’elle soit ponctuelle ou durable, crée un contexte différent des conditions habituelles de travail. Les mobilités pour des colloques ou le terrain en particulier ouvrent la voie à de nouveaux rapports de pouvoir et à de possibles violences racistes, sexistes, sexuelles (Deruelle, 2022 ; Hunt, 2022 ; Clair, 2023) ou LGBTphobes (Zebracki et Greatrick, 2022). Différents travaux soulignent ainsi une inadéquation entre la façon dont est conçu le travail de terrain et les enjeux spécifiques de certaines populations : mères (Farrelly et al., 2014), personnes menstruées (Nash, 2022), personnes en situation de handicap, personnes LGBT+ etc. Plusieurs initiatives ont été mises en place pour prendre en charge ces enjeux, que ce soit des réseaux comme Network of Women doing fieldwork, Pride in the Field, le blog BADASSES ou la rédaction de directives et guides.

Des pratiques de mobilité en question

Dans le contexte actuel de crise environnementale, et de généralisation des technologies numériques, les mobilités font l’objet de nouveaux questionnements, remettant en cause certaines pratiques et modalités d’évaluation académiques. Des travaux pointent le paradoxe et la dissonance cognitive existant entre l’implication des scientifiques dans la lutte contre le réchauffement climatique et leur rôle dans les émissions de gaz à effet de serre (GES). Si les mobilités ne sont pas le seul poste d’émission de GES, la littérature scientifique s’est d’abord concentrée sur les trajets en avion et sur l’empreinte carbone des conférences internationales. Ainsi, Glover et al. (2017 et 2018) ont montré que l’ambition des institutions académiques de réduire leur empreinte écologique était incompatible avec les politiques d’incitation à la mobilité internationale et la multiplication des voyages aériens. Higham et Font (2020) ont pointé « l’hypocrisie climatique » des voyages scientifiques. En France, Blanchard et al. (2022) ont souligné l’écart entre l’ « inquiétude » des chercheurs vis-à-vis du changement climatique et leurs pratiques professionnelles polluantes. Ils soulignent également que les mobilités aériennes connaissent des écarts disciplinaires importants tant en distance parcourue moyenne qu’en motifs de déplacement.

Si la généralisation de moyens de communication synchrones et la numérisation de données simplifient le partage des connaissances, elles ne constituent pas à elles seules la solution de réduction des émissions de GES. Des études montrent que les technologies numériques ne peuvent pas se substituer à toutes les mobilités scientifiques en raison des apports spécifiques des rencontres in situ (Higham et al, 2019). Ces études pointent aussi les effets des politiques publiques : seule une politique institutionnelle volontariste peut remettre en question les pratiques de mobilités ancrées.

Repenser les pratiques et politiques scientifiques est au cœur des concepts de slow science (Candau, 2023) ou encore de « frugalité » dans la recherche (Hardy et al., 2023). Certains chercheurs expérimentent des pratiques alternatives. Ainsi, en géographie, Emmanuel Munch (2020) interroge la possibilité de faire du terrain autrement, à vélo plutôt qu’en voiture. Il en tire la conclusion que se déplacer plus lentement et de façon moins polluante ne permet pas en soi de faire de la slow et de la sound science (bonne science) mais que l’enjeu est plutôt inverse : c’est en ayant un « rythme de production apaisé » que l’on peut avoir des modes de déplacement lents. La remise en cause des pratiques de mobilité est bien inséparable de celle des manières de faire et de penser la science.

Bibliographie

  • Barjak F. et Robinson S., 2008, « International collaboration, mobility and team diversity in the life sciences: impact on research performance », Social Geography, vol. 3, no 1, p. 23‑36 [https://doi.org/doi:10.5194/sg-3-23-2008].
  • Bataille P., Dumont L. et Wang S., 2022, « Injonctions à l’internationalisation », Socio-logos. Revue de l’association française de sociologie, no 17 [https://doi.org/10.4000/socio-logos.6065].
  • Bataille P. et Sautier M., 2019, « Ce “qu’être postdoc” veut dire. Cheminements postdoctoraux en Suisse, circa 2010 », Philosophia Scientiæ, vol. 23‑3, no 3, p. 35‑66 [https://www.cairn.info/revue-philosophia-scientiae-2019-3-page-35.htm].
  • Berné O., Agier L., Hardy A., Lellouch E., Aumont O., Mariette J. et Ben-Ari T., 2022, « The carbon footprint of scientific visibility », Environmental Research Letters, vol. 17, no 12, p. 124008 [https://doi.org/10.1088/1748-9326/ac9b51].
  • Blanchard M., Bouchet-Valat M., Cartron D., Greffion J. et Gros J., 2022, Inquiets mais pollueurs : une enquête sur le personnel de la recherche française face au changement climatique, Ined (coll. « Document de travail INED »), [https://shs.hal.science/hal-03618213/].
  • Brunet R., 1997, « Les mots de la géographie : Tourisme et loisirs », L’Espace géographique, vol. 26, n°3, 1997, p. 204 [https://doi.org/10.3406/spgeo.1997.1073].
  • Candau J., 2023, « Slow science : l’appel de 2010 douze ans après », Socio. La nouvelle revue des sciences sociales, no 17, p. 37‑46 [https://doi.org/10.4000/socio.14142].
  • Clair I., 2023, « Violences sexuelles dans l’exercice et l’apprentissage du métier de sociologue », Socio-logos, n°19 [https://doi.org/10.4000/socio-logos.6556].
  • Conti B.R., Elicher M.J. et Lavandoski J., 2021, « Systematic review of the literature on scientific tourism », Revista Brasileira de Pesquisa em Turismo, vol. 15, no 2, p. 1981 [https://doi.org/10.7784/rbtur.v15i2.1981].
  • Deruelle F. 2022, « La sexualité en colloque, une “parenthèse enchantée” ? Violences et rituels professionnels à l’épreuve de l’égalité des carrières scientifiques », Terrains & travaux, vol. 40, no 1, p. 89-111 [https://doi.org/10.3917/tt.040.0089].
  • Durand A., 2020, « Science et exil politique dans l’Europe du XIXe siècle », Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe [ https://ehne.fr/fr/node/14175].
  • Farrelly T., Stewart-Withers R. et Dombroski K., 2014, « ‘Being there’: Mothering and Absence/Presence in the Field », Sites: a journal of social anthropology and cultural studies, vol. 11, no 2, p. 25‑56 [https://doi.org/10.11157/sites-vol11iss2id281].
  • Ferru M., Jacquier-Roux V. et Bernela B., 2022, « Mobilité des chercheurs, collaborations et circulation des connaissances », Revue d’économie politique, vol. 132, no 2, p. 217‑244 [https://doi.org/10.3917/redp.322.0217].
  • Franzoni C., Scellato G., et Stephan P., 2012, « Foreign Born Scientists: Mobility Patterns for Sixteen Countries », NBER Working Paper No. w18067 [https://ssrn.com/abstract=2056695].
  • Glover A., Strengers Y. et Lewis T., 2017, « The unsustainability of academic aeromobility in Australian universities », Sustainability: Science, Practice and Policy, vol. 13, no 1, p. 1‑12 [https://doi.org/10.1080/15487733.2017.1388620].
  • Glover A., Strengers Y. et Lewis T., 2018, « Sustainability and academic air travel in Australian universities », International Journal of Sustainability in Higher Education, vol. 19, no 4, p. 756‑772 [https://doi.org/10.1108/IJSHE-08-2017-0129].
  • Goastellec G., 2017, « Internationalization of higher education research and careers, Europe », Encyclopedia of International Higher Education Systems and Institutions, Dordrecht: Springer, p. 1 – 6 [https://doi.org/10.1007/978-94-017-9553-1_209-1].
  • Gureyev V.N., Mazov N.A., Kosyakov D.V. et Guskov A.E., 2020, « Review and analysis of publications on scientific mobility: assessment of influence, motivation, and trends », Scientometrics, vol. 124, no 2, p. 1599‑1630 [https://doi.org/10.1007/s11192-020-03515-4].
  • Hardy A., Saint-Martin A. et Diminescu D., 2023, « La frugalité contre l’extractivisme ? », Socio. La nouvelle revue des sciences sociales, no 17, p. 9‑31 [https://doi.org/10.4000/socio.14132].
  • Higham J. E. S., Hopkins D. et Orchiston C., 2019, « The work-sociology of academic aeromobility at remote institutions », Mobilities, 14(5), p. 612-631 [https://doi.org/10.1080/17450101.2019.1589727].
  • Higham, J., et Font, X., 2020, « Decarbonising academia: confronting our climate hypocrisy », Journal of Sustainable Tourism, vol. 28, n°1, p. 1-9. [https://doi.org/10.1080/09669582.2019.1695132].
  • Hunt S.L., 2022, « Sexual Harassment and Assault During Field Research », PS: Political Science & Politics, vol. 55, no 2, p. 329‑334 [https://doi.org/10.1017/S1049096521001645].
  • Jonkers K. et Tijssen R., 2008, « Chinese researchers returning home: Impacts of international mobility on research collaboration and scientific productivity », Scientometrics 77, p. 309–333 [https://doi.org/10.1007/s11192-007-1971-x].
  • Laborier P., 2020, « Des mots et des images pour témoigner de l’exil scientifique contraint », Hommes & Migrations, vol. 1328, no 1, p. 166‑169 [https://doi.org/10.4000/hommesmigrations.10841].
  • Merton R. K., 1968, « The Matthew Effect in Science », Science, vol. 159, n° 3810, p. 56-63 [https://doi.org/10.1126/science.159.3810.56].
  • Meyer J-B., 2004, « Les diasporas de la connaissance : atout inédit de la compétitivité du Sud », Revue internationale et stratégique, vol. 3, n° 55, p. 69-76. [https://doi.org/10.3917/ris.055.0069].
  • Morano-Foadi S., 2005, « Scientific Mobility, Career Progression, and Excellence in the European Research Area1 », International Migration, vol. 43, no 5, p. 133‑162 [https://doi.org/10.1111/j.1468-2435.2005.00344.x].
  • Munch E., 2020, « Réduire la vitesse et l’empreinte écologique des déplacements de terrain », Carnets de géographes, no 14 [https://doi.org/10.4000/cdg.6392].
  • Nash M., 2022, « Breaking the silence around blood: managing menstruation during remote Antarctic fieldwork », Gender, Place & Culture, vol. 0, no 0, p. 1‑21 [https://doi.org/10.1080/0966369X.2022.2066635].
  • Quashie H., 2018, « Au-delà de la vitrine académique. Enjeux de la place et de la mobilité des chercheurs africains pour des colloques en études africaines organisés en France », Revue d’anthropologie des connaissances, vol. 12, 4, no 4, p. 645‑680 [https://doi.org/10.3917/rac.041.0645].
  • Scott M. L., Whelan A., Dewdney J. et Zwi A. B., 2004, « « Brain drain » or ethical recruitment ? », Medical Journal, vol. 180, n° 4, p. 174-176 [https://doi.org/10.5694/j.1326-5377.2004.tb05862.x].
  • Slocum S.L., Kline C. et Holden A., 2015, Scientific Tourism. Researchers as travellers, Londres, Routledge.
  • Vlachý J., 1979, « Mobility in science », Scientometrics, vol. 1, no 2, p. 201‑228 [https://doi.org/10.1007/BF02016972].
  • Zebracki M. et Greatrick A., 2022, « Inclusive LGBTQ+ fieldwork: Advancing spaces of belonging and safety », Area, vol. 54, no 4, p. 551‑557 [https://doi.org/10.1111/area.12828].

AUTEUR

DATE

Juin 2024

CITER LA NOTION

Copier

PARTAGER CETTE NOTION